Extrait du
bulletin Cefrio
des Services gouvernementaux du Québec (février 2008)
De 2005 à 2007,
le pourcentage de Québécois qui consultent des blogues est passé de 12 % à 26
%. Alors que la blogosphère prend sans cesse de l’expansion et qu’un nombre
croissant d’internautes se réfèrent aux carnets Web tant pour s’informer et
s’exprimer que pour échanger avec leurs pairs des opinions sur des sujets qui
les touchent, le blogue demeure sous-utilisé par le secteur public. Que peuvent
tirer les Administrations et les élus de ce média ? Et comment peuvent-ils
l’exploiter ? Fort de son expérience dans le domaine et s’appuyant sur une
panoplie d’études qu’il a effectuées sur le sujet, le chercheur David C. Wyld,
dans son rapport intitulé The blogging
revolution : government in the age of Web 2.0, brosse le portrait de
l’avènement du blogue dans les organisations publiques. Il y fait également des
recommandations aux gouvernements et aux instances publiques qui souhaitent
prendre part à la blogosphère. ....
Dans son
ouvrage, Wyld a répertorié 100 blogues publiés par des élus et des cadres de
divers niveaux de gouvernement aux États-Unis. À la lumière de ses études sur
le sujet, des rencontres avec des blogueurs du secteur public et d’un document
produit par la Congressional Management Foundation (2005), il distingue quatre
grands types de blogues mis en ligne par des instances publiques ou par des
élus :
Le blogue de
voyage : Ce type de
carnet relate les apparitions publiques de l’élu, ses discours et conférences,
ses déplacements, rencontres et visites.
Le blogue de
suivi d’actions : Dans
un blogue de ce type, un élu présente le suivi des actions que mènent son parti
ou lui, et l’état d’avancement de projets de loi ou d’amendements qu’ils
proposent. Le haut fonctionnaire peut aussi recourir à un blogue de ce genre
pour faire connaître les priorités de l’instance qu’il dirige, ses dossiers et
le suivi des actions qu’il mène.
Le blogue
personnel : L’élu qui
souhaite aller au-delà de son engagement politique - et qui veut projeter une
image populaire et accessible - peut opter pour un carnet Web personnel. Par
ses interventions, il a le loisir de présenter d’autres facettes de lui : son
engagement social, sa famille, ses opinions personnelles et ses convictions,
ses passe-temps, etc.
Le blogue
d’équipe : Les élus ou
les hauts dirigeants d’instances publiques peuvent aussi se regrouper pour
alimenter un blogue sur leurs actions et leurs intérêts communs. À titre
d’exemple, les 31 députés démocrates élus en Oregon tiennent un blogue dans
lequel ils présentent les idées de leur parti ainsi que leurs réalisations au
parlement de l’Oregon. Opter pour un blogue d’équipe présente divers avantages
: en plus de favoriser une mise à jour constante du contenu par un nombre accru
de collaborateurs, le blogue permet la concertation entre les acteurs et évite
la multiplication de sites différents dont les contenus peuvent être
contradictoires.
Une autre option
peut s’avérer intéressante, pour les élus comme pour les cadres du secteur
public, celle de publier des commentaires dans des blogues existants plutôt que
de tenir son propre carnet Web. Des carnets, comme The Hill Blog, The Huffington Post et The Daily Kos, sont régulièrement commentés
par des élus américains.
Dix conseils
pour assurer le succès d’un blogue
De son
expérience et des études qu’il a menées, Wyld tire dix conseils qu’il adresse
aux élus et aux cadres du secteur public qui souhaitent intégrer la
blogosphère :
- Bien se présenter et définir clairement le thème de son blogue : Selon Wyld, il est primordial, lors du lancement du blogue, de bien présenter les objectifs visés par le blogue, ses attentes,
le public cible, ses intentions, etc.
- Être authentique et rédiger soi-même: Si l’on peut recourir à un support technique pour mettre en ligne et gérer son blogue,
mieux vaut néanmoins rédiger soi-même les billets qui y sont publiés. En
effet, les lecteurs flairent souvent le manque d’authenticité et risquent
de se désintéresser d’un blogue trop contrôlé dans lequel prédomine la langue de bois.
- Intégrer le blogue dans sa grille
horaire : Pour
qu’un blogue devienne un réel outil stratégique, il faut lui consacrer
régulièrement du temps. Il faut prévoir un temps pour lire et répondre aux
commentaires, un temps pour rédiger les billets et un temps pour la recherche d’information sur certains sujets d’actualité qui alimenteront
le blogue.
- La régularité, une des clés du succès : Dans la blogosphère,
10 jours sans un nouveau contenu peut signer l’arrêt de mort de son carnet. Il faut donc prévoir des ajouts de billets périodiques ou des réponses régulières à des commentaires afin de conserver l’intérêt des lecteurs. Wyld suggère au propriétaire du blogue qui n’est pas disponible pendant un certain temps, d’inviter un blogueur vedette pour alimenter son carnet en son absence.
- Être généreux : Un blogue ne doit pas être
seulement centré sur l’organisation, sur son rayonnement et ses beaux coups,
mais il doit aussi faire ressortir les réussites d’autres organisations.
Ce média peut s’avérer une belle vitrine pour reconnaître des personnes,
valoriser des cas exemplaires et des initiatives réussies, faire connaître
des activités intéressantes, etc.
- Persister : S’immiscer dans l’univers du blogue
ne se fait pas sans heurts. Le blogueur s’expose au risque de rencontrer
tantôt des pairs réfractaires à ce nouveau média, tantôt des internautes
très critiques à l’égard des idées ainsi véhiculées. Dans ce contexte, il
faut être tenace et résister à ces obstacles.
- Attention à la langue : Fautes d’orthographe et erreurs
grammaticales pullulent sur le Web. Les représentants des gouvernements,
cadres ou élus, sont des modèles en matière de langue. Une attention toute
spéciale au respect de la langue et de ses règles, ainsi que l’emploi de
mots variés et précis sont donc de mise.
- Trop d’information tue l’information: Alors qu’il
s’avère important d’être honnête et transparent dans un blogue, il faut
aussi être en mesure de se restreindre à l’information pertinente qui
intéressera vraiment le lecteur. Même si le carnet est une fenêtre ouverte
sur son travail, ses voyages et ses réflexions, il ne doit pas contenir
trop de détails personnels et futiles.
- Faire place au multimédia : En plus de tenir à jour un blogue dont le contenu est pertinent, le blogueur doit penser à respecter les règles d’ergonomie de la blogosphère. Aussi, même s’il repose essentiellement sur le texte, le carnet Web gagne à exploiter la vidéo, les extraits audio et les images. À ce titre, le recours à des outils comme YouTube ou Flickr permet d’insérer facilement des contenus multimédias dans le blogue.
- S’inspirer des blogueurs experts : Les autres blogues peuvent être une grande source d’inspiration pour le non-initié. S’inscrire à des blogues dans son domaine et lire ceux qui ont la cote (en se référant au palmarès
de Technocrati ou de ComScore, par exemple) sont des stratégies à adopter pour mieux connaître cet univers. Les agrégateurs de fils RSS ou Atom 1 , tels que Netvibes, peuvent être d’une grande utilité, car ils permettent de consulter les nouveautés de plusieurs blogues en un seul endroit.
La popularité
des blogues continue de croître et ceux-ci gagnent en influence auprès des
citoyens. Toutefois, encore peu d’Administrations ou d’élus en tirent
réellement profit. Selon David C. Wyld, la recherche portant sur les effets des
blogues sur les instances publiques doit se poursuivre. À son avis, la
démonstration claire du rendement du capital et du temps investis dans un
blogue fournirait des arguments de poids pour convaincre les hauts
fonctionnaires et les élus de s’initier à cet univers.
Rédactrice :
Isabelle Vachon, chargée de projet et coordonnatrice du bureau de
l’Abitibi-Témiscamingue, CEFRIO, Québec, Canada
Sources :
CEFRIO. « Au cours
des trois derniers mois, avez-vous consulté un blogue sur Internet ? »,
NETendances, juillet 2007.
WYLD, David C. IBM Center for the Business of
Government. The blogging
revolution : government in the age of Web 2.0, 2007